Depuis plusieurs mois déjà, les sons des « toere » rebondissent partout sur Tahiti. Et c’est le grand jour, ouverture des festivités ce jeudi 4 juillet par la cérémonie des « RAHIRI ». Durant ces 2 prochaines semaines, les spectateurs vont se ruer vers la place Toata pour assister aux soirées. Les danseurs attendent avec impatience leur passage en coulisses. C’est le grand soir, 45 min de pur bonheur contre 5 mois de préparations intensives en amont. C’est le Heiva i Tahiti !
Mais connais-tu réellement l’histoire du Heiva ? Savais-tu que son histoire a bien failli ne jamais s’écrire ? Petite rétrospective des dates clés qui nous permettent aujourd’hui de célébrer notre culture…
Avant « Tiurai »
Avant l’arrivée des missionnaires, la fête (rythmée de musiques, de danses, de jeux ou de compétitions sportives) tenait une place primordiale au sein de ta société. Dès l’arrivée des missionnaires, des interdits ont été actés dans le code Pomare par le Roi Pomare II (1819) et la Reine Pomare IV (1842) contre ces différents divertissements. Le chant et la danse étaient devenus des activités indécentes et de débauches. En 1847, ces manifestations culturelles sont règlementées par le gouvernement français qui n’autorise la pratique de la danse que dans certains lieux et à certaines dates uniquement avant d’être complétement interdites en 1849.
Le retour des festivités au 14 juillet 1881 : « Tiurai »
Le 29 juin 1880, Tahiti devient une colonie française, et c’est seulement en 1881 que les festivités reprennent pour célébrer le 14 juillet appelé alors « Tiurai » (juillet en tahitien). A l’époque, les manifestations comprenaient seulement des défilés militaires et autres démonstrations officielles, dans lesquelles le « himene » (chant traditionnel) a une place privilégiée. C’était la seule occasion pour les populations des archipels de sortir de leurs îles et de se retrouver. Le « Tiurai » permettait alors d’associer les Polynésiens aux réjouissances.
La danse traditionnelle et Madeleine MOUA
Madeleine MOUA, descendante de la famille royale, dansait depuis l’âge de 6 ans. En 1956, elle créé son groupe de danse « Heiva » et pose les bases du « Ori Tahiti » (danse tahitienne). C’est alors qu’elle révolutionne le « Tiurai » en remettant au goût du jour la danse traditionnelle tahitienne qui avait souffert d’interdiction par les missionnaires pendant des décennies. Les robes des missionnaires sont remplacées par de beaux costumes de danse. Les chorégraphies, les techniques, la nudité du corps, tout est repensé. La création de l’aéroport en 1961 favorise le développement du tourisme et permet aussi au groupe « Heiva » de se produire sur des scènes internationales. C’est le grand retour du « Ori tahiti ».
Le « Tiurai » devient « Heiva »
En 1984, la Polynésie française se dote d’une autonomie interne en matière de gouvernement. A cette occasion le Président de l’époque rebaptise le « Tiurai » : « Heiva i Tahiti ».
Le 29 juin devient alors la date officielle du lancement des festivités du « Heiva i Tahiti » avec l’instauration par le gouvernement du « Hiva Vaevae », le défilé des associations polynésiennes.
Heiva i Tahiti 2019
On mesure le chemin parcouru toutes ces années pour arriver à ce que nous connaissons aujourd’hui, une fête annuelle qui permet à la population de se retrouver autour de sensations longtemps oubliées. Bien que la société traditionnelle ait été très malmenée et les manifestations longtemps proscrites, nous avons su maintenir notre sens de la fête et des traditions.
Le « Heiva » ne s’arrête pas qu’aux danses et aux chants mais comprend aussi la marche sur le feu, les sports traditionnels, l’artisanat, le spectacle sur le « marae arahurahu »… autant de moments à partager tous ensemble.
Bon Heiva à tous !